Catherine PAYSAN (1926-2020)
Hommage par Didier BÉOUTIS
Née le 4 août 1926, à Aulaines, près de Bonnétable, d’une mère institutrice et d’un père cuisinier, ancien gendarme, devenu secrétaire de mairie, Annie Roulette, très jeune, se passionne, d’un attachement charnel, pour son terroir sarthois, et pour la littérature, qu’elle approfondit, sous la direction de son professeur de français du lycée de jeunes filles du Mans, Mme Germaine (dite « Maine ») Vigreux-Vannetzel, à qui elle devra beaucoup. Encore lycéenne, fréquentant, alors, la Société littéraire du Maine, la jeune Annie publie, à compte d’auteur, un recueil de poèmes. En 1946, elle suit, en Allemagne, un prisonnier de guerre allemand rencontré à Bonnétable, dont elle est amoureuse, et enseignera deux ans à Spire, en Rhénanie-Palatinat.
Revenue en France -l’escapade étant terminée-, elle enseigne le français en banlieue parisienne (La Courneuve), et se lie avec un groupe d’artistes montmartrois, dont Marcel Mouloudji. Publié en 1961, chez Denoël, sous son nom de plume de « Catherine Paysan », son premier roman, Nous autres les Sanchez, -l’histoire d’une famille- connaîtra le succès, obtenant le prix du roman de la Société des gens de lettres, et citée pour le Fémina. Dès lors, elle publiera des romans à succès : Histoire d’une salamandre (1963) ; Je m’appelle Jéricho (1964) ; Les feux de la Chandeleur (1966) ; Le nègre de Sables (1968) ; L’Empire du taureau (1974) ; Le clown de la rue Montorgueil (1978). Tous recevront des prix littéraires, et plusieurs d’entre eux seront adaptés à l’écran (cinéma et télévision). Mariée, en juillet 1969, avec Emil Haüsen, un réfugié juif hongrois, Catherine Paysan cesse d’enseigner, en 1974, pour se consacrer à son œuvre. Ses romans suivants seront autobiographiques, et centrés sur le terroir sarthois : Pour le plaisir (1976); La colline d’en face (1987) ; Le passage du S.S. (1997) ; L’amour, là-bas, en Allemagne (2006) ; L’enterrement d’un Juif hongrois (2017), en hommage à son mari, après son décès.
Auteur éclectique -elle avait aussi, de sa plume sûre et alerte, publié des nouvelles, des poèmes, des chansons, des pièces de théâtre-, membre de divers groupements littéraires, dont l’Académie du Maine, Catherine Paysan était titulaire de plusieurs distinctions, dont celle d’officier de la Légion d’honneur. Deux colloques (4-5 juin 2005 et 7-8 octobre 2010) avaient été organisés, au centre culturel du prieuré de Vivoin, en sa présence et sur son œuvre, avec des universitaires français et allemands. Celui de 2010 avait été honoré de la présence du Premier Ministre, François Fillon, et du ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, qui avait salué, en Catherine Paysan, « l’intrépide maîtresse du verbe ».
Dans les dernières années, Catherine Paysan était revenue se fixer dans la Sarthe, achetant, sous l’égide de l’Association des amis de Catherine Paysan, l’ancienne école, désaffectée, d’Aulaines (commune, rattachée, depuis 1965, à Bonnétable), et en en faisant un musée. L’Association organisait, chaque été, des visites, les touristes étant amenés par le petit train de la Transvap –celui que la « dame d’Aulaines », au visage plein et à l’abondante chevelure rousse, devenue « voyageuse immobile », empruntait autrefois, avant d’être reçus, par elle, dans son ancienne école.
Parrainée par la romancière Paulette Houdyer (1919-2018), Catherine Paysan avait été intronisée, comme membre de l’Académie du Maine, lors de la séance du 16 décembre 1967. La « dame d’Aulaines » avait, à son tour, parrainé son ancien professeur de lettres « Maine » Vannetzel (1910-2008), intronisée le 6 décembre 1975. Catherine Paysan nous avait honorée de deux communications, au retour d’un séjour outre-Atlantique, Actualité du Québec (30 octobre 1975) ; Impressions du Canada (4 décembre 1976).
Catherine Paysan aura eu le grand mérite de faire partager, aux Français épris de littérature, sa passion pour son terroir sarthois, et pour son bourg d’Aulaines.
D.B.