L’histoire du lycée Montesquieu du Mans
Notre séance privée de rentrée, le samedi 7 septembre au Mans, ayant eu lieu, pour la première fois au lycée Montesquieu, notre président avait choisi d’évoquer l’histoire de cet établissement, voué, de différentes façons, à l’enseignement, depuis 1599.
C’est cette année-là que Claude d’Angennes, évêque du Mans, fonda, en application d’une décision du concile de Trente, le « collège-séminaire » du Mans, confié aux prêtres du diocèse du Mans, destiné à la formation des futurs prêtres. Le succès de cet établissement, qui accueillit rapidement des élèves ne se destinant pas à la prêtrise, conduisit l’évêque à en confier la direction à une congrégation enseignante, celle de l’Oratoire. Le collège de l’Oratoire du Mans se développa rapidement, accueillant près de 800 élèves à la fin du XVIIIème siècle, dispensant un enseignement de qualité, ouvert notamment aux sciences. L’esprit janséniste des pères Oratoriens (dont certains avaient été rédacteurs de l’Encyclopédie) fut l’occasion de conflits avec l’évêque du Mans. En 1789, les pères de l’Oratoire étaient acquis aux idées nouvelles, mais, se refusant à adhérer à la Constitution civile du Clergé, ils durent, au grand regret de la population, en 1792, quitter la France pour l’exil (Jersey, l’Angleterre…).
Devenu municipal, le collège connut un rapide déclin, avec de jeunes régents plus prompts à enseigner la haine des tyrans que les humanités classiques et les sciences. L’établissement fut repris en main, à partir du Consulat, par les Oratoriens revenus d’exil. Mais le collège ne fut pas érigé en lycée. Ce fut le collège d’Angers qui devint lycée, car il n’était prévu qu’un lycée par ressort de Cour d’appel. Le collège du Mans, privé de ses meilleurs élèves qui recevaient des bourses pour s’en aller étudier à Angers, fut enfin érigé en lycée en 1850.
L’essor fut alors très rapide : nomination d’un proviseur, d’un corps enseignant plus solide (agrégés), construction de nouveaux bâtiments pour accueillir de nouvelles classes et un pensionnat, augmentation de la population scolaire, fit du lycée un établissement capable de rivaliser avec les collèges privés de la ville (collège de Jésuites Sainte-Croix ; collège Saint-Louis). La Grande Guerre vit la disparition de cinq enseignants et 162 anciens élèves.
La période 1920-1940 fut celle d’une stagnation, avec un corps enseignant vieillissant, un certain nombre de parents préférant scolariser leurs fils dans l’enseignement secondaire court, offrant des débouchés d’emplois au Mans. Le lycée, qui fut foyer de Résistance à l’occupant, donna, lors du Second conflit mondial, une trentaine de morts pour la France (campagne de France, STO, déportation, combats de la Libération). Au lendemain de la Libération, le lycée connut une période de grand essor, avec un corps enseignant renouvelé et dynamique, la création, à partir de 1956, de classes préparatoires (lettres, mathématiques, agronomie), la mise en place d’un lycée-annexe au Ronceray, des activités parascolaires ; le cap des mille élèves étant atteint dans les années 1960. Le milieu des années 1970 fut celui de la suppression des classes primaires et de collège, de l’arrivée de la mixité, de la suppression de l’internat, pour arriver, de nos jours à un établissement de référence dans l’Ouest, avec ses 1500 élèves et ses huit classes préparatoires, préparant avec succès au baccalauréat et aux concours des Grandes écoles.
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